• Afghanistan : Le salut des femmes ne viendra pas de l’Occident

    Contrairement à de nombreuses affirmations, l’intervention militaire occidentale n’a pas permis de protéger les Afghanes contre les talibans. Les alliés sont incapables d’améliorer leur sort, analyse le spécialiste James Fergusson.

    25.08.2010 | James Fergusson | The Observer

    Le sort de Bibi Sanubar, cette veuve afghane condamnée par les talibans à recevoir deux cents coups de fouet avant d’être exécutée en public pour être tombée enceinte, a suscité l’indignation en Occident. Quelques jours auparavant, le magazine Time avait publié une photo particulièrement choquante d’Aisha, une jeune fille de 18 ans à qui l’on avait coupé le nez pour s’être enfuie de chez sa belle-famille. A l’heure où l’on parle tant de réconciliation politique avec les chefs talibans, la question de leur attitude vis-à-vis des femmes reste aussi délicate qu’à leur arrivée au pouvoir, au milieu des années 1990.

    Si révoltant le traitement réservé à Bibi Sanubar soit-il, nous devons nous garder de nous laisser submerger par nos émotions. Quel que soit le désir des Occidentaux de voir un changement dans la société afghane, cela n’a jamais été la raison première de notre intervention militaire dans le pays, pas plus que cela ne justifie le maintien du commandant des forces internationales en Afghanistan, le général David Petraeus, qui s’est efforcé de clarifier ce point en novembre 2009. “N’oublions pas ce pour quoi nous sommes en Afghanistan, a-t-il déclaré. Notre mission est de veiller à ce que ce pays ne puisse plus servir de sanctuaire à Al-Qaida.” Les droits des femmes sont importants, mais ils ne sont pas directement liés à la menace que constitue la nébuleuse terroriste. Cela ne veut pas dire que l’Occident doive croiser les bras et regarder en silence. Toutefois, il ne servirait à rien d’imposer un changement par la force. Si les mœurs doivent évoluer, le mouvement doit venir de la société elle-même, ce qui finira bien par arriver.

    Il serait plutôt utile de mieux comprendre les talibans. La brutalité des châtiments qu’ils infligent à la population semble parfois totalement incompréhensible aux Occidentaux. Les très sévères règles en matière de relations sexuelles que les talibans défendent trouvent leur source dans les traditions observées par les Pachtounes [qui représentent environ 40 % de la population afghane], dont l’objectif principal est de protéger l’intégrité de la tribu, et donc de limiter les relations adultères et l’arrivée de gènes étrangers. “Les Pachtounes doivent procréer selon les règles pour produire des guerriers”, écrivait le poète Ghani Khan en 1947. “La future mère de l’homme de demain doit être jalousement gardée… Mort à ceux qui osent mettre en péril la pureté de la tribu.” Le procédé est “dur et brutal”, reconnaît Khan, mais il fonctionne.

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