• "Chagrin d'école", Daniel Pennac

    Prix Renaudot 2007

    6,65euros sur alapage.com

    'Chagrin d'école', dans la lignée de 'Comme un roman', aborde la question de l'école du point de vue de l'élève, et en l'occurrence du mauvais élève. Daniel Pennac, ancien cancre lui-même, étudie cette figure du folklore populaire en lui donnant ses lettres de noblesse, en lui restituant aussi son poids d'angoisse et de douleur. Le livre mêle les souvenirs autobiographiques et les réflexions sur la pédagogie, sur les dysfonctionnements de l'institution scolaire, sur le rôle des parents et de la famille, sur le jeunisme dévastateur, sur le rôle de la télévision et des modes de communication modernes, sur la soif de savoir et d'apprendre qui, contrairement aux idées reçues, anime les jeunes d'aujourd' hui comme ceux d'hier. La critique par Mikaël Demets

    Daniel Pennac s’attaque à l’école. Mais en troquant les habituels points de vue sur la question - ceux du professeur, du politique ou du pseudo-sage extérieur au système qui a trouvé la solution miracle - contre une vision diamétralement opposée : celle du cancre. Ancien cancre (le vrai, celui qui en souffre et qui n’en cicatrise jamais vraiment), ancien professeur, toujours écrivain, Pennac a vécu de chaque côté du miroir. Il en tire un livre un peu fouillis, mêlant autobiographie et remarques sur l’école, les profs, les textes classiques, mais aussi sur la jeunesse et la société actuelle dans son ensemble. ‘Chagrin d’école’ rassemble un paquet d’idées à la profondeur inégale : banales et sans réelle portée quand le créateur de Monsieur Malaussène s’insurge contre le diktat des marques chez les jeunes, beaucoup plus intéressantes quand il met en parallèle son expérience de prof idéaliste et le mauvais élève qui le hante toujours. Sa description de l’éducation à travers les yeux du fameux cancre interpelle, et tranche avec la multitude de travaux qui ne considèrent le bonnet d’âne que comme un problème à résoudre ou une variable inhérente au système, et donc négligeable. Un brin verbeux, presque moralisateur si le cancre Pennacchioni (le vrai nom de Pennac) n’était pas là pour le rappeler à l’ordre, Pennac possède heureusement cette écriture drôle et légère, à la nostalgie parfumée, touchante et spontanée qui rend la lecture de ce ‘Chagrin d’école’, au-delà du débat sur l’éducation qu’il aborde, très agréable.


    Extrait

    "L'idée qu'on puisse enseigner sans difficulté tient à une représentation éthérée de l'élève. La sagesse pédagogique devrait nous représenter le cancre comme l'élève le plus normal qui soit : celui qui justifie pleinement la fonction de professeur puisque nous avons tout à lui apprendre, à commencer par la nécessité même d'apprendre ! Or, il n'en est rien. Depuis la nuit des temps scolaires l'élève considéré comme normal est l'élève qui oppose le moins de résistance à l'enseignement, celui qui ne douterait pas de notre savoir et ne mettrait pas notre compétence à l'épreuve, un élève acquis d'avance, doué d'une compréhension immédiate, qui nous épargnerait la recherche des voies d'accès à sa comprenette, un élève naturellement habité par la nécessité d'apprendre, qui cesserait d'être un gosse turbulent ou un adolescent à problèmes pendant notre heure de cours, un élève convaincu dès le berceau qu'il faut juguler ses appétits et ses émotions par l'exercice de sa raison si on ne veut pas vivre dans une jungle de prédateurs, un élève assuré que la vie intellectuelle est une source de plaisirs qu'on peut varier à l'infini, raffiner à l'extrême, qand la plupart de nos autres plaisirs sont voués à la monotonie de la répétition ou à l'usure du corps, bref un élève qui aurait compris que le savoir est la seule solution : solution à l'esclavage où nous maintiendrait l'ignorance et consolation unique à notre ontologique solitude."
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