• Du colza pour dépolluer Tchernobyl

    22.12.2010 | Valeriy Kostioukevitch | Den

    Pour réduire la contamination radioactive des sols, de nouvelles méthodes scientifiques sont expérimentées avec le soutien salutaire d’experts japonais.

    Champ de Colza à Narodichi, Ukraine - Tchernobyl-Chubu

    Quinze réacteurs nucléaires fonctionnent encore en Ukraine. Près de la moitié (46,6 %) de l’électricité produite dans le pays provient de ces réacteurs. C’est l’électricité la plus “atomique” du monde, après celle de la France (nucléaire à 77,1 %) et juste avant celle de la Suède, dont 42,6 % de l’électricité est nucléaire.

    Près de vingt-cinq ans après la catastrophe [qui a eu lieu le 26 avril 1986], les habitants qui, en dépit des lois et des interdictions, sont restés vivre dans les environs de Tchernobyl ont peut-être enfin de quoi espérer. Dans le cadre du CRDP, le Chernobyl Recovery and Development Programme [Programme de réhabilitation et de développement de Tchernobyl], développé par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), la région peut s’attendre à de véritables changements. La communauté internationale met l’accent sur la nécessité d’une transition vers une vie stable dans ces territoires où la contamination radioactive a diminué de façon significative depuis 1986. Mais la situation reste peu réjouissante dans le domaine de la santé. Car des gens vivent encore sur les terres polluées par les radiations, y compris dans des villages d’où ils auraient dû être évacués depuis longtemps.

    Contamination des cultures

    A l’occasion d’un entretien avec Den, Natalya Klymtchouk, assistante du médecin chef du dispensaire régional, a déclaré que la fréquence des maladies liées aux radiations augmentait chez les adultes comme chez les enfants. Il s’agit surtout de maladies du sang, des organes hématopoïétiques et du système endocrinien. Par ailleurs, de nombreux habitants souffrent d’une altération de leur système immunitaire, de problèmes digestifs et de troubles du métabolisme. D’après cette spécialiste, seuls 1 à 2 % des enfants qui naissent ici seraient en bonne santé. Une des causes principales de cette situation, toujours selon le Dr Klymtchouk, serait la consommation de produits cultivés dans la terre contaminée par des éléments radioactifs.

    Cette réalité a entraîné un changement de stratégie de la part d’associations humanitaires comme Tchernobyl-Chubu, association d’aide pour Tchernobyl mise en place par le district de Chubu, au Japon. Jusqu’à présent, cette ONG se préoccupait avant tout de fournir à l’Ukraine des médicaments et des équipements médicaux. Les Japonais ont entre-temps lancé le projet “Colza pour la réhabilitation de la région de Narodytchi”. Un des acteurs clés de ce projet, le biologiste Masahara Kawata, a d’ailleurs été fait citoyen d’honneur de la région de Narodytchi.

    Comme l’explique Evguenia Don­tcheva, directrice adjointe de l’association humanitaire Otages de Tchernobyl, c’est par son intermédiaire que passent toutes les opérations d’aide. Car les Japonais n’ont confiance que dans les organisations non gouvernementales. A l’en croire, le financement japonais se monterait à 9,3 millions de yens [84 000 euros]. Du côté de Tchernobyl-Chubu, on précise que cette évaluation recouvre à la fois les dons privés et le coût des bourses d’études, dont la majeure partie provient du fonds japonais d’épargne postale. Pour garantir la supervision scientifique, les dirigeants d’Otages de Tchernobyl se sont tournés vers les professionnels de l’université nationale agroécologique de Jytomir.

    D’après le coauteur du projet, Tomiyo Hara, l’utilisation du colza devrait permettre de diminuer la quantité de radioéléments présents dans le sol de Tchernobyl (où le taux de radioactivité dépasse significativement les normes en vigueur), sachant que cette plante absorbe les éléments radioactifs plus efficacement que les autres cultures. Une fois cette étape franchie, il sera possible de cultiver d’autres plantes. On espère ainsi parvenir à une réduction importante de la pollution de la production agricole, afin de lutter contre la contamination des habitants liée à la consommation de légumes locaux. Cette consommation est en effet une des causes de l’augmentation de la fréquence des maladies. Jamais un tel projet n’a été mis en œuvre à une aussi grande échelle dans le monde, souligne Tomiyo Hara. Il fait en outre remarquer que l’huile tirée du colza peut servir à la fabrication de biocarburant. Et pour limiter le volume de la biomasse (tiges et feuilles) où vont se concentrer les radioéléments absorbés dans le sol, il est possible de l’utiliser pour produire du biogaz. Lequel ne devrait pas contenir d’éléments radioactifs tels que le strontium et le césium, du moins pas à des concentrations dangereuses.


    Un projet sur cinq ans

    --> Lire la suite sur courrierinternational.com

     

    TCHERNOBYL, une histoire naturelle

    La zone interdite de Tchernobyl est devenue un laboratoire à ciel ouvert, un no man's land étrange où géochimistes, zoologues et radioécologues font de troublantes découvertes sur une faune et une flore libérées de la pression humaine depuis 14 ans (extrait du documentaire de 90 minutes).


    Réalisation : Luc Riolon
    Coproduction : Camera Lucida Productions, Arte France, CNRS Images, Direction générale de la recherche européenne 2009

     

    POUR LOUER OU ACHETER LE FILM C'EST PAR ICI :

    http://www.artevod.com/tchernobyl_une_histoire_naturelle

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