A Marseille, deux heures et demi après le départ du défilé, les derniers manifestants attendaient encore de pouvoir partir. Le parcours, initialement prévu sur 5 km, a été allongé.

Marseille, Correspondant régional

Alors qu'à 10h15 le carré de tête intersyndical formé derrière une banderole géante clamant « l'unité des salariés pour ne pas payer la crise » s'ébranle depuis les quais du Vieux Port , deux pompiers CGT, au milieu de la Canebière constatent : « il en vient encore de partout ! ».

Agents hospitaliers qui se disent « peuchère payés » , ouvriers en lutte de la réparation navale « touchée mais pas coulée » , enseignants chercheurs et étudiants de l'Université de Provence , postiers marseillais , danseurs du syndicat des arts vivants , employés de la Sécu et jusqu'aux sidérurgistes du golfe de Fos forment, sous le ciel bleu un début de cortège « monstrueux » hérissé des drapeaux rouges de la CGT. C'est un nouveau jeudi noir de monde que vit la célèbre avenue. Au point qu'à 11h15 les organisateurs décident de détourner ce fleuve humain vers la rue Paradis, improvisant un nouveau parcours en direction de la place Castellane pour les gros bataillons de FO , de la CFDT et de la FSU . « Il y a trop de monde et nous avons voulu éviter que les gens piétinent pendant des heures sur le Vieux Port » expliquent les militants du service d'ordre. Différents coups de sonde confirment que la mobilisation est plus forte que le 29 janvier. Patrick Firon , cadre CGT de La Poste : « nous sommes autant à Marseille que le 29 alors que cette fois des collègues ont préféré aller manifester à Aix -en -Provence. Il y a aussi une manif à Arles avec des postiers ».Un militant CFDT d'Eurocopter Marignane : « les salariés sont de plus en plus motivés sur la question du pouvoir d'achat depuis le succès du 29 janvier et n'hésitent plus comme avant à descendre dans la rue ».Patrick Capone , président du syndicat départemental CFTC des fonctionnaires territoriaux : « nous étions 500 dans l'action le 29 , nous sommes 1000 aujourd'hui ». « J'ai fait toutes les manifs à Marseille depuis 1995 , celle là est la plus grandiose » ajoute-t-il.Un salarié CGT des autoroutes Escota récemment privatisées : « le 29 seuls les délégués soit environ 5% du personnel étaient en grève , cette fois il y a plus de 30% de grévistes ».

A 12h30 la tête du cortège qui vient de parcourir plus de quatre kilomètres talonne les lycéens qui ferment la marche sur la Canebière au niveau du cours Belsunce ! « Le 29 janvier nous avions évalué entre 250000 et 300000 le nombre de manifestants. La nous pouvons dire que la barre des 300000 est vraisemblablement franchie » nous indique à ce moment le secrétaire départemental de FO . Quelques instants plus tard les employés de l'hôpital psychiatrique Edouard Toulouse, « tanqués » sur la Canebière depuis deux heures démarrent mais sont littéralement phagocytés par des centaines de dockers qui ouvraient le défilé . C'est fou , non ?

Philippe Jérôme

Au coeur de la manifestation marseillaise historique