• La population humaine : une augmentation moins rapide

    D’après les principes de la dynamique des populations, aucune population, y compris celle des humains, ne peut s’accroître indéfiniment.

    I. La population humaine à l’échelle mondiale

    Le modèle d’accroissement exponentiel décrit essentiellement l’explosion que connaît notre population depuis 1650. Du reste, c’est probablement la seule population de grands Animaux à avoir gardé si longtemps un accroissement exponentiel. La population humaine a augmenté assez lentement jusqu’en 1650 environ. A cette époque elle comptait environ 500 millions d’individus. Puis elle a doublé au cours des deux siècles qui suivirent. (A milliard en 1850) Elle a ensuite à nouveau doublé entre 1850 et 1930 (2milliard en 1930). En 1975, elle avait encore doublé et s’élevait à plus de 4 milliards de personnes.

    Au début de l’année 2003, la population humaine comptait environ 6,25 milliards de personnes. Elle s’accroît de 73 millions d’individus par année, c'est-à-dire d’environ 201 000 personnes par jour. En 4 ans seulement, l’équivalent de la population des Etats-Unis s’ajoute à la population mondiale. Si le taux d’  accroissement actuel se maintient, il aura entre 7,3 et 8,4 milliards d’habitants sur la planète en 2025.

    Bien que la population mondiale continue d’augmenter, son taux d’accroissement a commencé à ralentir au cours des années 1960. Le taux d’augmentation de la population mondiale a atteint un sommet en 1962, alors qu’il était de 2,19% ; en 2003, il était passé à 1,16%. Selon les modèles actuels, on prévoit que le taux d’accroissement global dépassera à peine 0,4% en 2050.
    Cette baisse du taux d’accroissement indique que la population humaine s’écarte du modèle exponentiel véritable, qui suppose un taux constant. Elle est la conséquence des changements fondamentaux que des maladies, comme le sida, et la régulation démographique volontaire ont entraînés dans la dynamique des populations.


    Les variations démographiques régionales

    La dynamique des populations est très différente d’une région à l’autre. Une population humaine régionale stable présente l’une ou l’autre des deux configurations suivantes :

    -   croissance démographique nulle = taux de natalité élevés + taux de mortalité élevés

    -   croissance démographique nulle = taux de natalité faibles + taux de mortalité faibles

    Le passage de la première à la seconde est appelé : transition démographique.
    En Suède, un des pays les plus développé sur le plan économique, la transition démographique s’est déroulée sur environ 150ans, soit de 1810  à  1960. Dans un pays en voie de développement comme le Mexique, la transition a commencé plus tardivement, vers les années 1910 et on prévoit que les changements vont se poursuivre encore un certain temps après 2050, soit pendant une période à peu près égale à celle de la Suède.

    La transition démographique est associée à une augmentation de la qualité des soins de santé et de l’hygiène de même qu’à un accès plus facile à l’éducation, en particulier pour les femmes.

    Après 1950, les taux de mortalité ont rapidement diminué dans la plupart des pays industrialisés. Les taux de natalité eux, ont diminué de façon variable.

     En Chine, le recul a été exceptionnel. En 1970, le taux de natalité prévoyait une taille moyenne des familles de 5,9 enfants par femme (taux de fécondité total) ; en 2004, en grande partie à cause de la stricte politique gouvernementale de l’enfant unique, elle était de 1,7 enfant seulement.

    En Inde, le taux de natalité a décru plus lentement. Dans certains pays d’Afrique, la transition vers des taux de natalité plus faibles a été spectaculaire, mais ce n’est pas le cas de la plupart des pays de l’Afrique subsaharienne, où ces taux demeurent élevés.

    Comment des taux de natalité aussi disparates influent-ils sur l’accroissement de la population mondiale ? Dans les nations industrialisées, les populations tendent vers un équilibre (taux d’accroissement d’environ 0,1% par année), les taux de fécondité étant proches du niveau de remplacement (taux de fécondité total de 2,1 enfants par femme). Dans de nombreux pays industrialisés, dont le Canada, l’Allemagne, le Japon, l’Italie ou le Royaume Uni, le taux de fécondité se situe sous le niveau de remplacement. Les populations en question vont tôt ou tard décroître s’il n’ya pas d’immigration et si le taux de natalité ne change pas. En fait, dans de nombreux pays de l’est et du centre de l’Europe, la population a déjà commencé à décroître. Actuellement, environ 80% de la population mondiale vit dans les pays en voie de développement. De plus, la majeure partie de l’accroissement démographique mondial (1,4%) se produit dans ces pays.

    L’accroissement de la population humaine a ceci de particulier qu’il peut être limité par la contraception, par les programmes de planification familiale, par la survie des enfants et par l’éducation des filles. L’éducation des filles est le facteur le plus déterminant. En effet, les femmes instruites sont généralement plus autonomes et intègrent mieux les mécanismes de la planification familiale. De plus, elles ont tendance habituellement à retarder leur première grossesse et à éviter les naissances ultérieures trop rapprochées. Les taux d’accroissement démographique s’en trouvent réduits. Or, il est plus facile de planifier une croissance démographique nulle lorsque les taux de natalité et de mortalité sont faibles. La solution, pour la transition démographique, réside dans la réduction de la taille des familles. Cependant, les dirigeants du monde ont des opinions très divergentes sur l’importance du soutien à fournir aux programmes globaux de planification familiale et à l’éducation.


    La pyramide des âges

    La pyramide des âges, qui indique le pourcentage d’individus d’une population dans chacun des groupes d’âge, a une importance déterminante pour le taux d’accroissement démographique présent et futur d’un pays. En Italie par exemple, la base étroite de la pyramide indique que les individus qui n’ont pas atteint l’âge de procréation sont relativement sous-représentés. Cette situation confirme la projection selon laquelle la population continuera de décroître dans ce pays. A l’opposé, l’Afghanistan a une pyramide des âges très large dans sa partie inférieure, ce qui signifie qu’il compte un très grand nombre de jeunes qui grandiront et qui, en engendrant des enfants, prolongeront l’explosion démographique.

    Pour leur part, les Etats-Unis ont une pyramide des âges relativement uniforme. Elle ne comporte qu’un renflement correspondant au baby-boom survenu après la Seconde Guerre mondiale. Même si les hommes et les femmes nés pendant les 20 années du baby-boom ont moins de 2 enfants en moyenne, ils sont si nombreux que le taux de natalité global de la nation dépasse encore le taux de mortalité. Qui plus est, bien que le taux de fécondité total actuel soit de 2,1 enfants par femme, on prévoit que la population s’accroîtra lentement jusqu’en 2050 par suite de l’immigration.

    Les pyramides des âges ne révèlent pas seulement les tendances de l’accroissement démographique, mais peuvent également indiquer quelles seront les conditions sociales dans l’avenir. Par exemple on peut prédire que l’emploi et l’éducation continueront de représenter, dans un avenir prévisible, un problème important en Afghanistan. L’arrivée de nombreux jeunes dans la population de ce pays risque aussi de devenir une source de constante agitation sociale et politique, surtout si leurs besoins et leurs aspirations demeurent insatisfaits. En Italie ou aux Etats-Unis, une proportion décroissante de personnes en âge de travailler supportera bientôt une proportion croissante de personnes issues du baby-boom. Une bonne compréhension de la pyramide des âges peut aider à planifier l’avenir.


    La mortalité infantile et l’espérance de vie

    La mortalité infantile, le nombre de décès d’enfants au cours de la première année de vie pour 1000 naissances vivantes, et l’espérance de vie, la durée moyenne de vie prévue à la naissance, varient grandement d’une population humaine à l’autre. Ces écarts témoignent de la qualité de vie dont jouissent les enfants à la naissance.

    En 2003 par exemple, le taux de mortalité infantile en Afghanistan était de 14,3%, alors que, au Japon, seulement 3 enfants sur 1000 mourraient avant l’âge de 1an. De plus, l’espérance de vie à la naissance était de 47ans en Afghanistan comparativement à 81ans au Japon.

    A l’échelle mondiale, l’espérance de vie est à la hausse depuis environ 1950, mais plus récemment, elle a diminué dans un certain nombre de régions, dont les pays de l’ex Union soviétique et de l’Afrique subsaharienne. Dans ces régions, les bouleversements sociaux, la détérioration des infrastructures et les maladies infectieuses comme le sida et la tuberculose contribuent ensemble à la régression de l’espérance de vie. Au Rwanda, à l’Est de l’Afrique, par exemple, l’espérance de vie était approximativement de 39 ans en 2003, soit environ la moitié de celle du Japon, de la Suède, de l’Italie et de l’Espagne.

     

    II. La capacité limite de la Terre

    Le problème écologique le plus important est sans contredit la future taille de la population humaine. Les projections à cet égard dépendent des suppositions concernant les variations futures des taux de natalité et de mortalité. Pour 2050, l’Organisation de Nations Unies prévoit que la population se situera entre 7,5 et 10,3 milliards de personnes. Autrement dit, en l’absence de catastrophe, on estime que de 1,2 à 4 milliards de personnes s’ajouteront à la population mondiale dans les 4 prochaines décennies, en raison de la lancée de l’accroissement démographique. Mais quelle taille de population humaine la biosphère peut-elle supporter ?


    Les estimations de la capacité limité de la Terre

    Quelle est la capacité limite de la Terre pour les humains ? Depuis plus de 300 ans, les scientifiques qui s’intéressent à la démographie se posent cette question. En 1679, Anton Van Leeuwenhoek effectua la première évaluation connue de la capacité limite de la Terre, qui était de 13,4 milliards de personnes. Depuis, l’estimation de la capacité limite a varié de moins de 1 milliard à plus de 1000 milliards (1 billion de personnes). La moyenne de ces différentes estimations se situe aux environs de 10 à 15 milliards.
    La capacité limite est difficile à estimer. Les scientifiques qui font ces estimations utilisent différentes méthodes. Certains chercheurs se servent de courbes comme celles que produit l’équation d’accroissement logistique pour prédire la population humaine maximale. D’autres font une généralisation, à partir de la densité de population « maximale » existante, qu’ils multiplient par la superficie de territoire habitable. D’autres encore s’appuient sur un seul facteur limitant, comme la nourriture, et doivent faire de nombreuses hypothèses (sur la quantité de terres agricoles disponibles, le rendement moyen des récoltes, les habitudes alimentaires dominantes et le nombre de calories nécessaires chaque jour à une personne.)


    L’empreinte écologique

    Une approche plus globale pour estimer la capacité limite de la Terre consiste à considérer que nous avons de multiples contraintes : nourriture, combustibles, matériaux de construction et autres nécessités comme les vêtements et le transport. Selon le concept d’empreinte écologique, on calcule, pour chaque pays, la superficie totale des terres et des eaux requises pour la production de toutes les ressources consommées et pour l’assimilation de tous les déchets. On distingue six types de milieux productifs du point de vue écologique dans le calcul de l’empreinte écologique : les terres arables ( terres agricoles), les pâturages, les forêts, les océans, les espaces aménagés et les milieux comportant une réserve d’énergie fossile. (On calcule la superficie de ces derniers en se fondant sur l’étendue requise pour que la végétation absorbe le CO2 produit par la consommation des combustibles fossiles.) Toutes les mesures sont traduites en superficie de territoire, soit en hectares (ha) par personne (1ha=10 000m2). Si on additionne tous les milieux écologiquement productifs de la planète, on trouve qu’il y a environ 2ha par personne. Si on désire conserver des territoires pour des parcs et la préservation de l’environnement, il faut réduire cette valeur à 1,7 ha par personne. Cette valeur sert de référence dans la comparaison de l’empreinte écologique des nations.

    Les résultats d’études retranscrits sur un graphe permettent d’observer, entre les pays, une grande variation de la valeur individuelle de l’empreinte et de la capacité écologique disponible (base de ressources réelles). Les Etats-Unis ont une empreinte écologique de 8,4 ha par personne, mais ne dispose que de 6,2 ha par personne de capacité biologique. En d’autres termes, la population des Etats-Unis dépasse déjà sa capacité limite. La Nouvelle-Zélande, quant à elle, a une empreinte écologique plus grande, de 9,8 ha par personne, mais une capacité écologique disponible de 14,3 ha par personne. Par conséquent, elle se situe sous sa capacité limite.

    On constate aussi que le monde dans son ensemble était déjà en déficit écologique lors de l’étude. Bref, il semble que, à l’heure actuelle, le monde ait atteint ou légèrement dépassé sa capacité limite.

    On ne peut que spéculer sur la capacité limite définitive de la Terre pour la population humaine et sur les facteurs qui limiteront finalement notre accroissement. La nourriture sera peut-être le principal facteur. La malnutrition et les famines sont courantes dans certaines régions, mais sont surtout le fait d’une répartition inéquitable de la nourriture, et non d’une production inadéquate. Jusqu’à présent, les progrès technologiques dont a bénéficié l’agriculture ont permis que les disponibilités alimentaires suivent l’accroissement démographique global. Cependant, nous savons que, pour des raisons relatives aux principes de flux énergétique au sein des écosystèmes, les milieux peuvent admettre plus d’herbivores que de carnivores. Si tout le monde mangeait autant de viande que les personnes les mieux nanties du monde, les récoltes actuelles ne pourraient nourrir que la moitié de la population mondiale.

    L’espace suffisant sera peut-être finalement le facteur limitant, comme pour les fous de Bassan sur les îles océaniques. A coup sûr, le conflit concernant la façon d’utiliser l’espace s’amplifiera au fur et à mesure que notre population augmentera. Les terres agricoles pourraient être aménagées pour l’habitation. Toutefois, il semble y avoir peu de limites à la promiscuité dans laquelle les humains peuvent se trouver.

     

    Les humains pourraient manquer des ressources non renouvelables, comme certains métaux ou combustibles fossiles. En outre, dans de nombreuses populations, les besoins dépassent déjà de beaucoup les réserves locales et même régionales de la ressource renouvelable qu’est l’eau. En effet, plus d’un milliard de personnes n’ont pas accès à des quantités d’eau suffisantes pour satisfaire leurs besoins de base en matière d’hygiène. Il est également possible que notre population soit en fin de compte limitée par la capacité de l’environnement à assimiler tous les déchets. Les occupants actuels de la planète pourraient ainsi faire baisser à long terme la capacité limite de la Terre pour les générations futures.

    Certains utopistes, confiants dans la technologie, ont affirmé qu’il n’y avait en pratique aucune limite à l’accroissement démographique. Les progrès technique ont sans aucun doute augmenté la capacité limite de la Terre pour les humains, mais aucune population ne peut croître indéfiniment. De nombreuses personnes s’inquiètent et débattent de la question de savoir quelle est exactement la capacité limité de la Terre et dans quelles circonstances nous l’atteindrons.

    Contrairement aux autres organismes, nous pouvons choisir le moyen qui nous permettra d’arrêter notre croissance démographique : nous pouvons opter pour les changements sociaux issus des décisions que nous aurons prises, ou pour une augmentation de la mortalité attribuable au manque de ressources, aux fléaux, aux guerres et à la dégradation de l’environnement.

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