• Les campagnes électorales migrent sur Internet

    Marianne s’associe à Temps Réels et la Sofres pour publier la première étude sur l’impact du Net et les pratiques politiques nouvelles qu’il suscite sur la Toile. Où il apparaît que 30% des Français ont « milité » d’une manière ou d’une autre, sur la Toile, tandis que 61% considèrent que le Web est une bonne façon de s’informer en politique.

    Voici quelques années déjà qu’Internet s’est introduit dans la vie politique française. Le buzz est devenu un redoutable vecteur d’image. Nicolas Sarkozy n’est pas certain de laisser plus de traces comme président des Français qui se lèvent tôt (Mon dieu, ce que ça paraît loin déjà) que comme celui de « Casse-toi pov' con » qui a fait le tour des écrans du monde entier.

    Et les ministres sarkozystes sont payés pour savoir que leurs « dérapages » avérés ou supposés (n’est-ce pas Brice Hortefeux, Nadine Morano, Rachida Dati ?) ont davantage fait parler d’eux que les réformes dont ils ont été les promoteurs.

    On se souvient, aussi de la campagne de Ségolène Royal en 2007. Une bande de jeunes socialistes, emmenés par Benoît Thieulin avait tenté d’associer les sympathisants du PS à la campagne. Ce fut le premier – et le dernier ? – site politique participatif.

    L'expérience Royal


    Des dizaines de milliers d’internautes avaient rédigé des propositions et discuté entre eux, en vue d’alimenter le programme de la candidate. Plus tard est venue la campagne Obama et ses millions d’internautes américains. Aux Etats-Unis c’est le financement de la campagne qui est devenu participatif, même si, au passage les faits et gestes du candidat ont été abondamment commentés sur le Net.

    Dans la foulée de l’élection présidentielle américaine, la société d’étude Yochaï Benkler a réalisé une grande étude sur les pratiques politiques générées par la Toile, à partir de l’analyse de contenu de plusieurs milliers de blogs politiques.

    D’où il apparaissait que les internautes démocrates développaient plus spontanément que les internautes républicains des pratiques politiques propres au web. En gros, leur comportement était, selon Benoït Thieulin, « plus actif, plus participatif que celui des militants conservateurs, plus inclinés à attendre des consignes ».

    Temps réels, un Think thank de « geeks (passionnés de technologie) de gauche » créé à l’initiative d'anciens de Désirs d’Avenir (dont Thieulin et Maurice Ronai) et de militants écologistes ou Modem, a voulu savoir, par la méthode plus classique des sondages, si l’on retrouvait les mêmes paramètres dans le contexte français. Plus globalement, l’étude, confiée à la Sofres, cherche à mesurer l’impact du Web sur la vie politique française à la base (1) 

    61% des Français apprécient l’information politique sur le Web

    Voici un certain nombre d’opinions que l’on peut avoir sur Internet et la politique. Pour chacune d’elles, pouvez-vous me dire si vous êtes tout à fait d’accord, plutôt d’accord, plutôt pas d’accord ou pas d’accord du tout ? (Cliquez pour agrandir)

    Le groupe des aficionados du Net, pour lesquels une campagne se gagne ou se perd sur la Toile, grossit, approchant les 40% La capacité du média à redonner la parole aux citoyens est crédité d’un score voisin.

    Mais il y a plus étonnant : alors que la plupart des ténors de la politique et des médias affichent une grande méfiance à l’égard d’Internet jugé peu fiable, voire « complotiste », une majorité de Français est consciente de l’originalité si ce n’est de la qualité, des informations politiques que l’on trouve sur le Net. Mieux, une moitié ou presque de citoyens croient que le Net constitue une alternative aux partis pour le débat politique et pour s’exprimer en politique.

    30% des Français et 45% des internautes « s’engagent » sur le Net

    Je vais vous citer un certain nombre de choses que l’on peut faire sur Internet. Pour chacune d’elle, pouvez-vous me dire s’il vous est déjà arrivé de la faire sur Internet ? (Cliquez sur l'image pour agrandir)

    Des tracts aux blogs

    Pour mesurer la portée de ces chiffres, il faut les consolider. Ce qui signifie que 45% des internautes (à droite sur l'image) et 30% des Français (à gauche) ont au moins une pratique d’Internet (signer des pétitions ou transmettre des informations par exemple). Il y a donc d’ores et déjà beaucoup plus de militants qui font circuler l’information concernant un candidat par le web que de militants traditionnels distribuant des tracts. (Cliquez pour agrandir)

    Les internautes de gauche plus actifs

    Il apparaît donc que les internautes de gauche sont plus enclins à distribuer des web-tracts ou à signer des pétitions que ceux de droite. Selon Benoît Thieulin, un théorème se dégage même de cette question : plus l’internaute est à gauche, plus il milite sur le web de façon active. Deux réflexions cependant pour relativiser cette interprétation :
    - si l’extrême droite avait été intégré dans la question, on aurait peut-être constaté un militantisme tout aussi actif de ce côté-là, certains sites, comme Rue89 ou Arrêt sur Images, ayant même réalisé des enquêtes sur ce qu’ils appellent la réacosphère ou la fachosphère ;
    - on peut enfin se demander si certaines modalités proposées, comme signer une pétition, ne font pas partie, « culturellement » des pratiques de la gauche.

    Sur ces deux graphiques, on peut peut la répartition des réponses à la question sur les pratiques politiques sur le Web selon la proximité partisane. (Cliquez pour agrandir)

    66% des internautes sympathisants de gauche ou d'extrême-gauche on déjà signé une pétition en ligne

     

    Les femmes généralement en retrait

    Sur cet autre graphique, on voit que les hommes sont plus actif sur le Web politique que les femmes. Surtout chez les plus âgées, seules 38% des femmes de 50 à 64 ans ont au moins une pratique politique sur le Web. (Cliquez pour agrandir)

    Les jeunes les plus actifs

    Et ce sont évidemment les jeunes qui utilisent le plus le Web politique; 49% des 18 à 24 ans et 50% des 25 à 34 ans ont au moins une pratique politique sur Internet. Contre 47% des 50 à 64 ans et 36% des plus de 65 ans. (Cliquez pour agrandir)

    1) Sondage réalisé auprès d’un échantillon de 1000 personnes représentatif de l'ensemble de la population âgée de 18 ans et plus, en face-à-face, au domicile des personnes interrogées. Terrain du 25 au 28 septembre 2009. Méthode des quotas (sexe, âge, profession du chef de ménage PCS) et stratification par région et catégorie d’agglomération.

    Pour lire l'intégralité du sondage en bas de page :
    http://www.marianne2.fr/Les-campagnes-electorales-migrent-sur-Internet_a189820.html
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