• Les journalistes de France 3 dénoncent l'"ère du soupçon"

    france3

    France 3 avait déposé une plainte contre X... pour "vol, recel et contrefaçon" suite à la diffusion sur le site Rue89 d'images de Nicolas Sarkozy en "off" sur le plateau du 19-20, avant son intervention du 30 juin 2008. Deux journalistes de la rédaction nationale de France 3 et deux autres de celle de Rue89 sont convoqués le 1er avril par la police judiciaire. Dans un entretien au Monde, Bertrand Boyer, président de la Société des journalistes (SDJ) de la chaîne publique, dénonce les pressions politiques.

    Comment expliquez-vous que France 3 ait décidé de porter cette affaire sur le plan judiciaire ?

    Je ne l'explique pas. Tout le monde est très surpris et choqué. Il n'est pas illégitime que la direction de l'entreprise s'assure et vérifie comment les images sont sorties de manière illégale, mais la procédure devait rester en interne. La décision de confier l'enquête à la police judiciaire est disproportionnée. Ce n'est quand même pas une affaire d'Etat ! Nous sommes entrés dans l'ère du soupçon. Je pense qu'il y a eu des pressions politiques sur les dirigeants de France Télévisions qui y ont répondu favorablement pour donner des gages à l'Elysée. Nicolas Sarkozy a toujours eu France 3 "dans le viseur". Il est inadmissible que la chaîne exige, par la voix de ses avocats, que Rue89 dénonce ceux qui leur auraient fourni ces images. C'est une attitude honteuse qui méprise l'un des principes fondamentaux du journalisme, le secret des sources.

    Cette affaire intervient au moment où France Télévisions se restructure dans le cadre de la nouvelle loi audiovisuelle. Cela vous inquiète-t-il pour l'avenir ?

    Oui et il se développe un climat de défiance au sein des rédactions de France Télévisions, et particulièrement celle de France 3, qui redoute d'être sacrifiée. Avec la nomination du prochain PDG de France Télévisions en conseil des ministres, la pression politique sera de plus en plus forte avec un président dépendant totalement de l'exécutif. Ce qui se joue aujourd'hui avec cette affaire placée sur le terrain judiciaire est une forme induite pour imposer une autocensure. On l'a vu en début de semaine sur France 3 Centre avec Hervé Novelli, le secrétaire d'Etat au commerce, qui a obtenu le retrait du site Internet de la station régionale d'un journal de la chaîne, où étaient rappelé ses liens de jeunesse avec l'extrême droite. C'est un manque total de courage journalistique de la part de la direction régionale.

    Quelles actions comptez-vous mener avec la SDJ ?

    Nous appelons la profession et les salariés de France Télévisions à manifester leur soutien aux journalistes de France 3 et de Rue89, et à se rassembler sur les lieux de leur audition le 1er avril. Ensuite, nous avons décidé de mettre sur la place publique toutes les atteintes à la liberté des journalistes que nous relèverons dans l'avenir. Il en va de la liberté de la presse.

    Propos recueillis par Daniel Psenny


    lemonde

    Partager via Gmail Yahoo!

    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :