• Les revendications de l'association Sauvons L'Université

    "Management" ou collégialité ? Étudiants, BIATOSS et ITA, EC, Chercheurs : Unité !

    sluL'association Sauvons l'Université est née d'une tribune publiée dans Le Monde (20/11/07) intitulée « Les présidents ne parlent pas en notre nom ». La loi LRU venait d'être votée, dans une hâte qu'on ne soulignera jamais assez, pendant l'été 2007. Le texte publié dénonçait un cadre juridique qui visait à imposer la mise en place progressive d'une Université d'inspiration managériale. (...)
    SLU opposait une vision collégiale du savoir et de la science, de leur transmission, et des rapports qu'entretiennent entre eux ses différents acteurs.
    (...)
    La loi LRU transformant les présidents en chefs d'entreprises-managers et l'administration, qu'ils vont être amenés à employer désormais de plus en plus directement, en salariés de droit privé, n'est que la déclinaison d'une réforme plus vaste affectant l'ensemble des services publics et visant à la suppression des corps dits intermédiaires. (...)
    Mais quatre ans après, que constate-t-on ? La faillite de ce modèle « managérial » est partout dénoncée : « Chacun en fait l'expérience quotidienne, comme travailleur salarié ou indépendant, comme étudiant ou comme chômeur, comme consommateur, comme usager, comme patient ».
    (...)
    La transformation d'un service public en entreprise est tout aussi catastrophique pour l'Enseignement Supérieur et à la Recherche que dans les autres domaines. En vérité, c'est une débandade sans précédent qui s'annonce comme le démontrent les déboires actuels du système universitaire anglais.

    Les récentes « propositions » de sortie de crise du Premier Ministre François Fillon ne sont pas de nature à nous rassurer : elles laissent entière la possibilité ouverte par la loi LRU de défonctionnariser et de précariser à terme tous les personnels « Biatoss ».

    La loi LRU est en effet aux personnels (et aux étudiants) ce que le fameux décret est aux enseignants chercheurs. Cette loi entérine le double principe d'une évaluation et d'une gestion des carrières purement locales assorties d'une mise en concurrence féroce des personnels entre eux, concurrence fondée sur le recrutement de contractuels pour tous les métiers autres que ceux d'Enseignant-Chercheurs. Les « Biatoss », de ce point de vue, apparaissent comme les grands perdants de cette furie « réformiste » et se retrouvent aujourd'hui dans une situation paradoxale. La loi LRU les contraint à être tout à la fois les agents et les victimes de cette « modernisation ». Et il faut à cet égard dénoncer le double discours et les intentions désormais avouées de la Ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche qui peut déclarer à un an d'intervalle « je veillerai à ce que les recrutements de personnels contractuels soient limités et justifiés par le besoin de compétences et de métiers qui n'existent pas ou peu dans les corps universitaires actuels » (Lettre aux personnels, décembre 2007, nous soulignons), de l'autre qu'elle souhaite externaliser les catégories C au lieu de revaloriser leurs salaires (France Inter, 24 février 2009).


    Ces réformes menées au nom de « la-nécessaire-modernisation » montrent ainsi leur véritable objectif.

    En détruisant le cadre statutaire des emplois et conduisant à une précarisation complète des agents remplissant les missions du Service Public d'Enseignement Supérieur et de Recherche, cette politique conduit à une externalisation (sous-traitance) de nombreuses tâches considérées comme ne relevant pas de la production et de la transmission du savoir stricto sensu, la volonté « modernisatrice » du gouvernement déléguant aux Universités la gestion de la pénurie et la transformation de l'enseignement supérieur en une entreprise qui se trouverait compétitive sur le marché ouvert par la « nouvelle économie de la connaissance ».

    Il est évidemment facile de renvoyer le monde de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche à son supposé conservatisme. Mais non, l'Université n'est pas opposée à l'idée d'améliorer l'enseignement et la recherche, et notamment les conditions concrètes de son exercice et de ses missions, personne ne soutient que le modèle actuel est la panacée. Mais doit-on pour autant jeter le bébé avec l'eau du bain ? Pour résorber la précarité, les injustices et les conditions indécentes de certains personnels, doit-on en passer par la précarisation de tous ? Est-ce là la justice et le chemin vers une Université française moderne et performante ?

    Il faut donc inlassablement rappeler, quitte à lasser, que non, la recherche française ne décline pas, qu'elle n'a rien à envier aux modèles étrangers, que l'Université qui a accueilli la massification et la démocratisation du savoir est scandaleusement sous-financée par l'État depuis vingt ans et que l'idéologie des « réformes » engagées au pas de charge, sans la moindre consultation, liquidera ses missions sociales et intellectuelles sans remédier à ses maux. Il s'agit de l'avenir du savoir et de sa transmission académique en France pour les cinquante prochaines années.


    SLU réaffirme le fonctionnement collégial de l'Université française et rappelle ses demandes préalables à toute négociation visant à proposer une nouvelle loi pour l'Université française, respectueuse de ses missions de service public et reconnaissant à l'ensemble de la communauté universitaire la valeur de ses engagements.


    Concernant les « Biatoss », SLU répète et réitère donc son exigence :

    1/ d'un plan pluriannuel de création d'emploi statutaire à hauteur des besoins des services, des composantes et des laboratoires et non un plan de destruction ou d'externalisation de ces emplois dont les tâches vont inévitablement retomber sur les enseignants-chercheurs déjà lourdement accaparés par les tâches administratives, électives, d'enseignement et de recherche (le gel des suppressions de postes annoncé par le Premier Ministre le 25 février ne concerne que les enseignants-chercheurs : les récentes fuites du plan social du CNRS montrent la voie pour ceux qui doutaient encore : plus de 580 ITA seront supprimés au CNRS et sans ITA il n'est pas de laboratoire qui tienne),

    2/ d'une gestion nationale des carrières par le maintien des attributions des commissions administratives paritaires (à l'instar des enseignants-chercheurs et du cadrage national des diplômes pour les étudiants, cadrage remis en cause depuis le LMD et qui va s'accentuer encore avec la loi LRU) ainsi qu'une méthode d'évaluation prenant en compte la spécificité des métiers.

    3/ d'une revalorisation salariale de l'ensemble des agents garantissant la reconnaissance des qualifications, des diplômes et des compétences (augmentation significative des possibilités de promotions),


    SLU refuse enfin de voir mise en place une Université à plusieurs vitesses. Elle appelle au contraire à réfléchir au problème élargi à l'ensemble de l'Enseignement supérieur. Elle refuse une concurrence des personnels entre eux en lieu et place d'une évaluation collégiale et de l'émulation propre au monde académique. Elle récuse toute organisation de l'université fondée sur le clientélisme et l'hyperprésidentialisation techno-pragmatique.

    Pour ceux qui travaillent contre salaire (Enseignants, Enseignants-Chercheurs, Chercheurs, personnels ni enseignants ni chercheurs : BIATOSS et ITA) comme pour ceux qui travaillent pour s'y former (étudiants), l'Université et le savoir ne sont pas des marchandises. S'il y avait une « exception française » à conserver, ce serait bien celle-là. En jouant telle catégorie contre telle autre on détruit l'Université. La « sauver », c'est d'abord énoncer les principes qui la fondent. C'est le sens du mouvement qui a grandi en France ces deux derniers mois, sur la base de revendications qui ne sont que les pièces d'un puzzle.

    La loi LRU est désormais la cible du mouvement en cours parce que c'est cette loi qui, avec le pacte de la recherche, fait aujourd'hui la cohérence de la politique gouvernementale.

    slu

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