• Profs non-remplacés, pourquoi ça coince

    ANNONCE POLE EMPLOI :
    «Au sein d'un collège, vous enseignez les lettres, vous êtes titulaire d'une licence de lettres. il s'agit d'une vacation. Le contrat est renouvelable. CDD de 7 jours. Débutants acceptés.»
    !!!

    Le vivier d'enseignants remplaçants ne suffit plus à pallier les absences. Conséquence directe des suppressions de postes, disent les syndicats. Problème d'organisation, répond le ministre Luc Chatel.

    Les site de Pôle Emploi en dit long: «Lycée d'enseignement général recherche un(e) professeur(e) des Sciences de la terre. Niveau: licence. Début de contrat le 1er février 2010.» Ou, deux lignes plus bas: «Au sein d'un collège, vous enseignez les lettres, vous êtes titulaire d'une licence de lettres. il s'agit d'une vacation. Le contrat est renouvelable. CDD de 7 jours. Débutants acceptés.»

    Si établissements et rectorats en sont réduits à jouer la carte des petites annonces, c'est que, faute de remplaçants disponibles, ils ne savent plus comment pallier les absences. La moindre gastro peut aujourd'hui virer à la situation de crise dans les écoles, collèges et lycées, laissant les élèves sans prof d'histoire-géo ou anglais. Au point que la FCPE (parents d'élèves), a ouvert à la rentrée dernière sur son site une page spéciale, baptisée Ouyapacours, pour recenser les absences non remplacées des profs.

    Sentant monter la colère, le ministre de l'Education Luc Chatel a annoncé hier vouloir développer un «partenariat» avec Pôle Emploi, de même que le recours à des profs retraités ou à des étudiants recalés au concours. Un «cruel aveu de carence», assènent les syndicats, qui alertent sur le problème depuis des mois.

    «Garderie»

    En principe, en cas d'absence, les chefs d'établissement peuvent compter sur des roues de secours, selon le cas de figure. Si l'absence est de plus de deux semaines (maladie longue, formation, congé maternité...), ils se tournent vers un vivier d'enseignants remplaçants, les «TZR» (Titulaire zone remplacement). 50.000 titulaires souvent jeunes, répartis par zone géographique. Si l'absence est courte, la direction est censée se débrouiller avec les moyens du bord, soit en demandant à l'un de ses enseignants de remplacer au pied levé son collègue absent (en heures sup), soit en embauchant un contractuel, souvent étudiant, mais aussi documentaliste, chercheur en fin de carrière...

    En pratique, c'est bien sûr plus compliqué. D'abord parce qu'un principal peut difficilement demander à un prof de maths de remplacer son collègue de philo grippé. Ou d'être dans deux classes différentes à la même heure. Ensuite parce qu'un étudiant n'a pas la qualification et l'expérience d'un titulaire. «Si le ministre pointe comme piste le recours aux étudiants, cela veut dire qu'il entend le développer. Or nous voulons des remplaçants titulaires et formés, sinon c'est de la garderie», s'indigne Thierry Cadart, secrétaire général du SGEN-CFDT (lycées et collèges).

    Sans compter que le recrutement des contractuels ne va pas de soi. Daniel Robin, co-secrétaire général du Snes-FSU, premier syndicat des collèges et lycées: «Si vous combinez un salaire dérisoire (1,2 smic), l'absence de droit aux allocations chômage une fois la mission terminée, et les frais de déplacements, qui sont calculés sur le kilomètre SNCF même quand un remplaçant se tape 200 km en voiture, il ne faut pas s'étonner que le ministre en vienne à Pôle emploi.» Résultat, dans les faits, une absence courte est rarement remplacée.

    «400 km de déplacement»

    Mais le blocage vient surtout du fait que le vivier de titulaires remplaçants est en train de fondre, selon les syndicats. Suppressions de postes oblige (3000 emplois de remplaçants supprimés à la rentrée 2009, 16.000 départs à la retraite non renouvelés dans le budget 2010), les TZR servent de plus en plus à colmater les trous, c'est-à-dire à remplacer des postes fixes, à l'année. Mécaniquement, le volant de remplaçants s'en trouve amoindri et ne suffit plus à répondre aux demandes.

    Pas du tout, répète Luc Chatel, pour qui ce n'est pas un problème d'effectifs mais d'organisation. Un classique problème de gestion des ressources humaines. «Nous ne parvenons à mobiliser que 80% du potentiel des TZR, explique-t-on au ministère. Ce qui veut dire que 10.000 personnes ne sont pas utilisées, pour des questions de frontières entre zones de remplacement notamment. Il ne semble pourtant pas aberrant qu'un professeur de maths de Créteil puisse par exemple aller faire un remplacement à Paris.» D'où une autre piste mise sur la table par le ministre: faciliter les déplacements entre académies. Déjà proposée par son prédécesseur Xavier Darcos, cette solution laisse les syndicats sceptiques: «Si les remplaçants se retrouvent à faire 400 km de déplacement, ça n'est pas la peine», alerte Daniel Robin.

    Libération.fr

     

    Voir la video sur la précarisation de l'enseignement

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