• Propose stages (payants) pour instits débutants


    Pour lire cet article sur le site de Mediapart.

    Sur le mode du « on vous l’avait bien dit », le site de Sauvons l’Université a relevé la curieuse publicité d’un organisme de formation privé, Forprof, qui propose aux professeurs des écoles débutants un « stage de prise en main de gestion de votre première classe » du 23 au 27 août 2010.

    La publicité continue : « Vous allez réussir le concours de juin 2010 et, dès le 1er septembre 2010, vous allez vous retrouver devant une classe sans avoir été préparé techniquement à faire ce métier. Or, prendre une classe en main sans formation est difficile, voire risqué. » En deux lignes, voilà la très controversée réforme de la formation des enseignants, qui supprime les IUFM et confie, dans la plus grande improvisation, la formation des futurs enseignants désormais recrutés à bac+5 aux universités, proprement sabrée. Et les craintes de certains mauvais esprits sur le développement d’une offre privée de formation des profs confirmées.

    Forprof, une entreprise fondée à Avignon par Patrick Foglia, un ancien instituteur et conseiller pédagogique, et qui depuis quatorze ans préparait déjà des étudiants aux concours de professeur des écoles dans ses 116 centres d’entraînement, a saisi au vol le filon de la formation professionnelle, jusqu’alors dévolu aux IUFM. « Ce stage est une nouvelle offre pour pallier les carences qui vont apparaître avec la disparition des IUFM, explique au téléphone, le responsable commercial de Forprof, Julien Moinet. On essaie de se substituer à l’année de PE2 (l’ex-deuxième année d’IUFM) pour accompagner les jeunes profs. Car les futurs lauréats des concours ont fait un stage ou deux à droite à gauche et vont être catapultés dans une classe sans aucun recul. »

    Le directeur adjoint de Forprof, lui-même ancien enseignant et ex-maître formateur, comme la plupart des professeurs de Froprof, tous issus de l’éducation nationale, confirme : « Envoyer les profs devant une classe sans formation, ça va être un carnage. » Ça promet pour une réforme censée « améliorer la qualification des personnels, en vue de renforcer la réussite des élèves ».

    Une préparation aux écrits laissée au privé ?

    Au programme de ce stage d’une semaine : apprendre à organiser les premières séances d’apprentissage, à s’imposer, à conduire la première réunion avec les parents, à gérer les difficultés... Bref le b.a.-ba pour des professeurs débutants « qui n’auront eu une approche de la pédagogie qu’à travers les oraux des concours », rappelle Julien Moinet. II en coûtera 600 euros au jeune enseignant, plus encore 600 euros s’il veut bénéficier d’un « coaching pédagogique personnalisé ». Façon de suppléer le tuteur éducation nationale, censé aider les nouveaux enseignants mais dont le rôle reste encore très flou.

    Au niveau national, un autre organisme privé, Adonis, propose uniquement, de son côté, une préparation au concours de professeur des écoles. Mais les stages, concours blancs et cours du soir de ce style sont amenés à se développer selon Julien Moinet. « La réforme est une porte ouverte de la part de l’éducation nationale, explique-t-il. Jusqu’ici, il y avait une partie didactique dans les épreuves écrites qui rendait la préparation de sujets types plus complexes pour des gens extérieurs à l’éducation nationale. Aujourd’hui, les écrits sont très axés sur le disciplinaire et le notionnel, ce qui favorise le bachotage. Beaucoup de personnes peuvent donc facilement mettre en place des sujets types en se servant des référentiels de l’éducation nationale. »

    Théoriquement, les masters ouverts par les universités pour les étudiants se destinant à l’enseignement doivent aussi les préparer aux épreuves écrites des concours de l’enseignement, placées en septembre. Mais curieusement leur circulaire de mise en place ne mentionne que rarement cette préparation. A se demander, s’interrogeait le directeur-adjoint de l’IUFM de Créteil, Jean-Louis Auduc, si le gouvernement ne voulait pas « laisser à des officines privées qui fonctionneraient pendant les vacances d’été la préparation à ces épreuves écrites ».

    C’est bien comme ça que l’entend Julien Moinet : « Nous ne sommes pas du tout en concurrence avec l’université mais plutôt complémentaires : leur métier, c’est la préparation du master, notre métier, c’est la préparation du concours. » Retour de boomerang pour le portefeuille de l’Etat, « le montant total de la préparation et les frais attenants sont déductibles du montant imposable », précise le site Forprof.

    SOURCE : http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article3797

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