• Sabotage raffinerie : catastratophe écologique, économique et sanitaire


    Une marée noire descend inexorablement le cours du Pô. Les experts prévoient qu'elle atteindra l'embouchure du plus grand fleuve d'Italie dans les cinq jours. Au moins un millier de m3 de pétrole s'est déversé, à l'aube mardi 23 février, des réservoirs d'une ancienne raffinerie transformée en dépôt d'hydrocarbures dans les eaux du Lambro, un affluent du Pô.

    Une enquête a été ouverte. Mais les enquêteurs n'ont pas vraiment de doutes : il s'agit bel et bien d'un sabotage. Les individus qui ont ouvert les vannes de l'ancienne raffinerie de pétrole Lombarda Petroli, située à Villasanta, près de Monza, connaissaient bien les lieux et savaient pertinemment quels étaient les réservoirs contenant des hydrocarbures.

    Sans compter qu'après le déversement du pétrole, des employés du dépôt auraient interdit aux techniciens de la protection civile d'y entrer pour tenter de fermer les vannes, aggravant ainsi l'étendue de la pollution.

    Le site avait cessé ses activités de raffinage en 1984, mais est resté classé site à risque jusqu'en 2009, selon le quotidien Il Giornale, qui précise qu'une partie des terrains seraient aujourd'hui l'objet d'"une gigantesque spéculation immobilière" portant sur 500 millions d'euros et 172 000 m2.

    BARRAGES INEFFICACES

    Une partie des hydrocarbures a pu être retenue dans le Lambro,mais les barrages que les pompiers ont tenté de placer au fur et mesure de l'avancée de la nappe dans le Pô, à partir de la ville de Plaisance, se sont révélés inefficaces. En revanche, plusieurs tonnes de pétrole ont pu être aspirées et évacuées par camions-citernes.

    Alors que les tentatives pour stopper le pétrole continuent, avec notamment la fermeture de la digue de la centrale hydro-électrique d'Isola Serafini, la protection civile a alerté la population : la marée noire s'annonce par une forte odeur acre, qui persiste pendant plusieurs jours. Les autorités recommandent d'éviter l'usage de l'eau courante lors du passage de la nappe de pétrole.

    Il s'agit d'un désastre écologique sans précédent, estiment les collectivités locales et les associations de défense de l'environnement. La région Lombardie a demandé l'état de "calamité". L'Emilie-Romagne est prête à lui emboîter le pas, alors que la Vénétie se prépare à affronter la pollution.

    Marevivo, une association de protection de la mer, estime que dix mille espèces marines pourraient être touchées lorsque la nappe atteindra la Mer adriatique. Mais, pour l'instant, associations écologistes, agricoles et de protection des animaux craignent le pire pour les bassins du Lambro et du Pô. Des dizaines d'animaux englués dans le pétrole - notamment des canards - ont déjà été repêchés sans vie.

    CULTURES DE BLÉ ET DE MAÏS MENACÉES

    Selon les experts, ces dégâts vont se répercuter sur toute la chaîne alimentaire, avec des conséquences possibles sur plusieurs années. "Il n'y a pas que l'écosystème qui se trouve en situation de risque, estime Katia Le Donne, de la principale association de défense de l''environnement italienne, Legambiente. La vie même autour des bassins fluviaux est menacée : l'eau est vitale pour la population, qu'il s'agisse de systèmes d'irrigation ou d'eau courante."

    La pollution menace ainsi directement les cultures de blé et de maïs du bassin du Pô et celles de riz du Lambro. Pour le responsable régional du syndicat agricole Confagricoltura, Mario Vigo, les coûts du désastre sont incalculables : la période d'ensemencement des champs approche et sans une rapide intervention pour nettoyer les terres, les récoltes seront compromises.

    Dans un communiqué, la ministre italienne de l'environnement, Stefania Prestigiacomo, a dénoncé un "très grave attentat à la santé publique" et a dit espérer que l'enquête "arrive rapidement à déterminer les responsables de cet acte".

    Alors que Dario Allevi, le président de la province de Monza, au nord de Milan, où le pétrole a été déversé, parle de "terrorisme environnemental", le président de la région Lombardie, Roberto Formigoni, évoque un comportement de "haine vis-à-vis de notre territoire" et dit souhaiter une mobilisation de la population en réaction aux actes perpétrés.

    Salvatore Aloïse

    http://www.lemonde.fr/europe/article/2010/02/25/en-italie-le-po-est-menace-par-un-desastre-ecologique_1311030_3214.html#ens_id=1310607&xtor=RSS-3208

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