• Une victoire historique pour Obama

    "Yes we can"


    La Chambre des représentants a finalement adopté, le 21 mars, la réforme de l’assurance-maladie. Une victoire qui permet au président de rejoindre Truman et Roosevelt au panthéon de l’Histoire.
    Oui, nous l’avons fait.” Le président Barack Obama peut enfin prononcer ces mots. L’adoption de la réforme de la santé vient d’apporter la première preuve irréfutable que Washington a changé. Le Congrès a montré qu’il était effectivement capable de mener à bien des réformes sociales fondamentales. Et les Etats-Unis ne seront plus l’exception parmi les pays riches parce qu’ils laissaient un si grand nombre de leurs citoyens sans couverture santé. En adoptant la plus importante réforme sociale depuis le milieu des années 1960, les démocrates ont prouvé qu’ils étaient capables de gouverner même dans des circonstances difficiles et malgré de fortes divisions internes.

    Pour comprendre l’ampleur de cette victoire, il suffit de penser à ce qu’aurait impliqué une défaite. Dans la mesure où le président avait décidé de jouer sa tête sur cette loi, son échec aurait porté un coup fatal à sa présidence. Et, en se montrant impuissant à l’emporter sur un sujet aussi central de son identité depuis l’époque de Harry Truman, le Parti démocrate serait devenu un objet de risée. Oui, cette réforme a des défauts et elle coûtera de l’argent. Mais elle vient boucher un trou béant dans le système de protection sociale américain. Elle offre des protections que les Américains attendaient depuis longtemps pour contrer ces compagnies d’assurances qui pouvaient refuser de les couvrir. Elle leur apporte également la sécurité de savoir qu’une maladie ne les laissera pas au bord de la faillite. Ce sera encore mieux si le Sénat donne son feu vert aux amendements adoptés par la Chambre des représentants.

    L’adoption de cette réforme est également un moment historique, un aboutissement du travail de Harry Truman et de Franklin Roosevelt. Le 19 novembre 1945, Truman avait fait devant le Congrès des constatations qui s’appliquent encore de nos jours. “Les personnes qui ont des revenus faibles ou moyens ne bénéficient pas de la même attention médicale que celles qui ont des revenus élevés, avait-il déclaré. Les pauvres sont plus souvent malades, mais ils sont moins pris en charge. Les habitants des zones rurales ne bénéficient pas de la même quantité ni de la même qualité de soins médicaux que les habitants de nos villes.” Le pays devait faire en sorte que “ces obstacles financiers à la santé soient supprimés”. “La santé de tous les citoyens mérite l’aide de la nation”, avait ajouté Truman. Presque soixante-cinq ans plus tard, son vœu est en passe d’être exaucé.

    Il faut également rappeler que, lorsque Roosevelt avait signé le Social Security Act, en 1935, il était resté modeste [il s’agissait d’une première étape dans la création d’un système de protection sociale destinée à atténuer les effets de la pauvreté notamment chez les personnes âgées]. “Nous ne pourrons jamais protéger 100 % de la population contre 100 % des risques et des vicissitudes de la vie”, avait-il alors souligné. Il savait que sa loi était plus un début qu’une fin. Pour lui, elle constituait “la première pierre d’un édifice qui n’est pas terminé, mais en cours de construction”. La même chose vaut pour la réforme de l’assurance-maladie approuvée par le Congrès le 21 mars au soir. Elle n’offre pas une protection totale à tout le monde – le Social Security Act non plus – et il va falloir s’occuper de cela. Nous allons avoir droit à de nombreuses années de querelle sur le coût du système et son fonctionnement dans la pratique. Tous les systèmes de santé efficaces de la planète sont confrontés à ces questions. La nouvelle loi ne va pas résoudre tous nos problèmes d’assurance-maladie (aucune loi ne pourrait le faire), mais elle fait beaucoup pour nous en donner une et rend les choses un peu plus faciles. Et, surtout, elle nous met sur un chemin nouveau.

    En ce qui concerne Barack Obama, ce combat l’a transformé. Il a entamé sa présidence plein d’espoir et persuadé que sa promesse de mettre d’accord toutes les sensibilités politiques était réalisable. Mais, lorsqu’il s’est heurté à l’opposition implacable des républicains, il a laissé tomber les discours de compromis et a commencé à jouer des poings. Mettre l’esprit partisan au service d’un objectif est infiniment préférable à la paralysie. Obama a clairement montré qu’il tendra la main lorsque ce sera possible et qu’il se battra quand il le faudra. Par tempérament, le président est plus un bâtisseur de consensus qu’un guerrier. Mais c’est également un homme pragmatique qui veut accomplir de grandes choses. C’est exactement ce qu’il a fait avec le système de santé, et cela lui vaut une place dans l’Histoire.


    http://www.courrierinternational.com/article/2010/03/22/une-victoire-historique-pour-obama

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  • Commentaires

    1
    Mardi 23 Mars 2010 à 00:04
    Décidément j'aurais toujours du mal à comprendre le fonctionnement des américains! On peut se balader armé jusqu'aux dents ...mais si on conduit avec un rien d'alcool dans le sang on est considéré comme un individu dangereux ... peut être qu'avec un peu plus de fédéralisme il y aurait un peu de logique dans tout ca!
    Pour ma part, je trouve cette réforme plutot humaniste et pour tous ceux qui pensent que la vie c'est "marche ou crève", je reprendrais la phrase d'un de mes clients anglais à qui je demandais pourquoi il y avait tant d'anglais et généralement d'un niveau social supérieur en France (medecins, prof liberales, chef d'entreprise...etc.). Il m'a répondu :
    En france, vous travaillez pour vivre. Au RU, on vit pour travailler... et l'essenciel, est ce vivre ou de travailler?
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