Malgré les incertitudes quant à l’avenir de la biosphère, il ne faut pas être pessimiste. Il est plutôt temps de rétablir nos relations avec le reste de la nature. A notre époque, peu de gens vivent dans des milieux vraiment sauvages ou même visitent fréquemment de tels endroits.
La vie moderne est très différente de celle des humains primitifs, qui étaient chasseurs, cueilleurs et peintres animaliers sur les murs des cavernes. Mais notre comportement reflète l’affinité innée qu’il nous reste avec la nature et la biodiversité, le concept de biophilie ( c'est-à-dire notre sentiment d’appartenance à la nature et notre conscience de ce qui nous relie à tous les êtres vivants). Nous nous sommes développés dans des environnements naturels riches en biodiversité, auxquels nous sommes toujours attachés.
Selon E.O.Wilson, notre biophilie est innée. Elle est le produit de l’évolution, de la sélection naturelle qui a agi sur des espèces intelligentes dont la survie dépendait d’un lien étroit avec l’environnement et de la connaissance pratique des végétaux et des animaux.
Que presque tous les biologistes aient adopté le concept de biophilie ne surprendra personne. En effet, ces gens n’ont-ils pas transformé leur passion pour la nature en carrière ? Mais il y a également une autre raison qui explique que la biophilie ait touché une corde sensible chez les biologistes. C’est que si la biophilie est une adaptation issue de l’évolution et est inscrite dans nos gènes, alors il y a de l’espoir pour que nous devenions de meilleurs gardiens de la biosphère. Si nous accordons plus d’attention à notre biophilie, une nouvelle éthique de l’environnement pourrait devenir populaire parmi les individus et les sociétés. Et cette éthique est la résolution de ne jamais permettre consciemment qu’une seule espèce disparaisse ou qu’aucun écosystème ne soit détruit tant que nous aurons des moyens raisonnables pour empêcher une telle violence écologique. C’est une éthique de l’environnement qui compense notre tendance humaine à « assujettir » la Terre. Certes, nous devrions être motivés à préserver la biodiversité parce que nous en dépendons pour l’alimentation, les médicaments, les matériaux de construction, les sols fertiles, la régularisation des crues, l’habitabilité du climat, l’eau potable et l’air respirable. Mais peut-être devrions-nous travailler plus fort pour empêcher l’extinction d’autres formes de vie tout simplement par souci d’éthique, parce que nous sommes l’espèce la plus réfléchie de la biosphère. D’ailleurs, Wilson lance un appel :
« En ce moment, nous entraînons les espèces de la planète dans un goulot d’étranglement. Nous devons nous donner comme principe moral majeur de sortir le plus possible d’espèces de cette situation. C’est le défi de l’heure et du siècle à venir. Et il y a un bon point en faveur de notre espèce : nous aimons les défis ! »
Extrait de Biologie, Campbell
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