• "1984", George Orwell

    A lire ou relire pour que notre vigilance reste intacte

    George Orwell écrit 1984 en 1948 ( l’inversion des 2 derniers chiffres serait une des explications du titre) et le publie l’année suivante.

    L'origine de 1984 est connue : militant de gauche violemment opposé à la dictature soviétique, George Orwell s'est inspiré de Staline pour en faire son "Big Brother", figure du dictateur absolu et du fonctionnement de l'URSS des années trente pour dépeindre la société totalitaire ultime. Mais Orwell n'oublie pas de souligner que les super-puissances adverses sont elles aussi des dictatures...

    Ce qui fait la force du roman, outre son thème, c'est la richesse des personnages, qu'il s'agisse du couple qui se forme, malgré la morale étroite du Parti, ou même du policier en chef qui traque les déviants, ex-opposant lui-même, passé dans les rangs du pouvoir... C'est aussi cette "novlangue", affadie et trompeuse, destinée aux "proles", et ces formules de propagande ("L'ignorance, c'est la force") scandées par des foules fanatisées et manipulées.

    1984 est un livre-phare, apologie de la liberté d'expression contre toutes les dérives, y compris celles des sociétés démocratiques. --Stéphane Nicot

     

     "De tous les carrefours importants, le visage à la moustache noire vous fixait du regard. Il y en avait un sur le mur d'en face. Big Brother vous regarde, répétait la légende, tandis que le regard des yeux noirs pénétrait les yeux de Winston... Au loin, un hélicoptère glissa entre les toits, plana un moment, telle une mouche bleue, puis repartit comme une flèche, dans un vol courbe. C'était une patrouille qui venait mettre le nez aux fenêtres des gens. Mais les patrouilles n'avaient pas d'importance. Seule comptait la Police de la Pensée."

     

    CONTEXTE

    Parabole du despotisme moderne, conte philosophique sur le pire XXe siècle, le totalitarisme orwellien est très clairement inspiré du système soviétique, avec son Parti unique, son chef tutélaire objet d'un culte de la personnalité, son régime d'assemblée, sa confusion des pouvoirs, ses plans de productions triennaux, son militarisme de patronage, ses parades et manifestations « spontanées », ses files d'attentes, ses slogans, ses camps de rééducation, ses confessions publiques « à la moscovite » et ses affiches géantes. On peut aussi y voir des emprunts au nazisme, au fascisme et au stalinisme.

    Orwell était et restait un homme de gauche d'une absolue sincérité. Avant 1984, il avait par exemple publié sur les foyers ouvriers misérables dans le Yorkshire ou les chômeurs de Middlesbrough (Le Quai de Wigan). Il avait également été adhérent du Parti travailliste indépendant, parti « socialiste de gauche ». Mais c'était un socialiste « de terrain ». Si la droite conservatrice lui inspirait du mépris, il était fort exigeant à l'égard de la gauche. Il avait ainsi cruellement raillé dans un de ses premiers romans (Et vive l'aspidistra !, à travers le personnage ridicule de Ravelston) une certaine « gauche » fort loin de la réalité sociale et matérielle du monde ouvrier. Il craignait autant la « gauche morale » satisfaite, qu'il soupçonnait de faire le lit du totalitarisme (à travers le conférencier « anti-Hitler » ridicule de Un peu d'air frais) dès 1938. Enfin, il détestait les communistes, a fortiori « de salon », et méprisait par exemple Jean-Paul Sartre. La misère matérielle restait pour lui la misère matérielle, que le « Parti » soit au pouvoir ou que ce soient les « capitalistes ». Il n'y a aucun doute donc, contrairement à ce que l'on croit parfois, sur ses convictions socialistes très profondément anti-autoritaires, et Orwell acceptait mal d'être récupéré par la droite, ce qui a été surtout le fait de l'accueil nord-américain de 1984.

    Certaines invraisemblances évidentes de 1984, elles aussi, sont un reflet des inquiétudes d'Orwell : dans le roman, les États-Unis sont censés faire eux aussi partie de l'Océania (qui regroupe en fait les pays anglo-saxons - voir carte). Orwell voyait dans les États-Unis, un peu à la manière des temps modernes de Chaplin, la quintessence du monde moderne technomaniaque qui est aussi l'un des avertissements de 1984.

    Par ailleurs, la thèse qu'Orwell expose à travers le manifeste du « traître » Emmanuel Goldstein (Du collectivisme oligarchique) suppose que le pouvoir peut employer la misère à des fins politiques : Goldstein attribue les pénuries sévissant sous l'« angsoc » à une stratégie délibérée du pouvoir plutôt qu'à un échec économique.

    Certaines personnes ayant vécu sous un régime stalinien, comme l'ancien dissident Alexandre Zinoviev, s'accordent pour saluer l'intuition des mécanismes politiques et psychologiques de ce type de régime dont fait preuve Orwell (bien que Zinoviev, en l'occurence, reste très critique sur l'ouvrage, qu'il trouve un peu « simpliste »).

    WIKIPEDIA

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