• Europe Ecologie menace de se maintenir dans quatre régions

    L'express.fr    REUTERS/Philippe Wojazer

    Les écologistes joueront-ils le jeu de l’alliance avec les socialistes au second tour ? Sans doute dans beaucoup de régions, mais peut-être pas dans toutes. Porté par des sondages flatteurs, le PS met la pression sur ses alliés écologistes. Et ces derniers répliquent.

    Jeudi, à La Rochelle, lors d’un meeting de soutien à Françoise Coutant, la tête de liste en Poitou-Charentes, qui rassemblait de nombreux ténors, de Cécile Duflot à José Bové, les écologistes ont multiplié les avertissements et les menaces. Critiquant la “non-campagne” des régionales, la chef de file écologiste a menacé de laisser ses candidats se présenter au second tour “si le durcissement des présidents socialistes se maintient”. Quatre présidents de région sortants sont dans le collimateur des écologistes : Ségolène Royal en Poitou-Charentes, Martin Malvy en Midi-Pyrénées, Jean-Jack Queyranne en Rhône-Alpes et Jean-Yves Le Drian en Bretagne.

    > Poitou-Charentes : Au niveau national, l’inimitié entre Cécile Duflot et Ségolène Royal est bien réelle, notamment depuis que la secrétaire nationale des Verts avait critiqué la position de la présidente PS de Poitou-Charentes sur la taxe carbone, au côté de Martine Aubry, lors de l’université d’été du PS à La Rochelle.

    Localement, en imposant cinq places éligibles au MoDem sur sa liste, Ségolène Royal avait déclenché un casus belli avec ses alliés verts dans la région. D’autant plus qu’elle avait également accueilli trois écologistes, aussitôt radiés de leur parti. La tête de liste Europe Ecologie, Françoise Coutant, n’hésite plus à dénoncer “l’hyperprésidentialisation” de Ségolène Royal. Elle menace désormais ouvertement de se maintenir au second tour si celle-ci n’offre pas de garanties. Créditée de 15 % des voix, contre 34 % pour Royal, talonnée par l’UMP Dominique Bussereau à 29 %, Françoise Coutant pourrait sérieusement compromettre la victoire au second tour de l’ex-candidate PS à la présidentielle si elle ne lui apportait pas ses voix.

    > Midi-Pyrénées : Dans une région où la gauche part hyper-favorite, Martin Malvy devra donner des gages de fidélité à l’ancien vice-président du parlement européen, Gérard Onesta. Artisan de l’alliance avec José Bové, mais aussi de la victoire du socialiste Pierre Cohen à Toulouse, il a longtemps été apprécié du président de la région PS.

    Au sein des écologistes locaux, on explique que, depuis le début de la campagne, il y a peu ou pas de relations avec les socialistes. Ces derniers, en position de force (un sondage paru vendredi crédite Martin Malvy de 37 % des intentions de vote), seraient même poussés par certains socialistes à choisir le cavalier seul pour contrôler en totalité la région.

    Il faut dire que le climat s’est dégradé entre les deux formations, notamment lorsqu’un élu Vert a été chassé par Pierre Cohen de la gestion du Syndicat mixte des transports en commun (SMTC), la régie de transports publics de Toulouse. “La question se pose de savoir où on sera le plus efficaces, à l’intérieur de la majorité, ou à l’extérieur en faisant avancer les choses”, explique au Monde.fr le directeur de la campagne de Gérard Onesta, Guillaume Cros, qui assure n’avoir “plus de contacts” avec l’équipe de Martin Malvy depuis le début de la campagne. Dans une interview au Monde.fr, Gérard Onesta n’excluait d’ailleurs pas une alliance avec le Front de gauche.

    > Rhône-Alpes : Le Figaro rapporte vendredi une petite phrase qui pourrait faire jaser. Daniel Cohn-Bendit aurait lâché à quelques journalistes : “Nous sommes prêts à nous maintenir en Rhône-Alpes, quitte à faire gagner la droite.” En investissant Philippe Meirieu, figure de la pédagogie et du milieu enseignant, Europe Ecologie marchait quelque peu sur les plates-bandes électorales du PS, particulièrement dans une région où les thèmes écologistes sont porteurs. Jean-Jack Queyranne, président PS sortant, a débuté sa campagne d’une façon quelque peu agressive, notamment avec une vidéo pointant les difficultés de son opposant écologiste, mal reçue chez les Verts.

    Au sein d’Europe Ecologie Rhône-Alpes, on assure cependant que l’ambiance n’est pas à la guerre ouverte. Les Verts ont envoyé au PS et au Front de gauche autre allié potentiel, une lettre de conciliation proposant des réunions pour mettre en place un embryon de programme commun, sans recevoir de réponse. “Ce n’est pas la franche solidarité”, assume Gaël Roustan, qui gère la campagne d’Europe Ecologie. Mais “il n’y a pas de tensions ni d’altercations”. Interrogé par lemonde.fr, Gérard Mérieux, la tête de liste écologiste, “refuse de croire” à l’hypothèse d’un cavalier seul du PS. “Jean-Jack Queyranne fait courir ce bruit dans la presse régionale, qu’il pourrait ne pas fusionner avec nous pour garder des places à distribuer“, mais “c’est une hypothèse d’école”, une “posture”, assure-t-il.

    > Bretagne : Guy Hascoët, tête de liste écologiste dans la région, est loin d’être un inconnu : ancien secrétaire d’Etat de Lionel Jospin, ancien député, il est une figure nationale. Il a, de plus, rallié les régionalistes de l’Union démocratique bretonne (UDB) au sein d’Europe Ecologie.

    Et dans une Bretagne touchée de plein fouet par les questions de pollutions agricoles ou maritimes, l’environnement est devenu l’un des sujets centraux de la campagne. Guy Hascoët travaille donc à critiquer le bilan écologique de la majorité régionale sortante en dénonçant les “projets du passé” promis par le président sortant, Jean-Yves Le Drian. Bref, la campagne locale s’annonce des plus tendues.

    Samuel Laurent

    Lemonde.fr

     

     

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