• " Français, je marche encore avec vous ... "

    Encore un petit discours d'un grand Monsieur.

    Sir Winston Leonard Spencer-Churchill, né le 30 novembre 1874 et mort le 24 janvier 1965 à Londres, est un homme politique britannique. Surtout connu pour avoir dirigé le Royaume-Uni pendant la Seconde Guerre mondiale, cet homme d'État fut Premier ministre du Royaume-Uni de 1940 à 1945 et de nouveau de 1951 à 1955, officier de l'armée britannique, journaliste, historien, écrivain lauréat du prix Nobel de littérature et artiste.

     

    Message radiodiffusé de Londres au peuple français le 21 octobre 1940, pendant un raid.

     

     

    Français ! Pendant plus de trente ans, en temps de paix comme en temps de guerre, j'ai marché avec vous et je marche encore avec vous aujourd'hui, sur la même route. Ce soir je vous parle, au sein même de vos foyers, où que vous soyez, et quel que soit votre sort. Et je répète la prière qui entourait vos louis d'or : " Dieu protège la France. "

    Ici, chez nous, en Angleterre, sous le feu du boche, nous n'oublions pas quels liens et quelles attaches nous unissent à la France. Nous continuons à lutter de pied ferme et d'un cœur solide, pour que la liberté soit rétablie en Europe et pour que le peuple soit traité en justice dans tous les pays – en un mot pour faire triompher la cause qui nous a fait ensemble tirer l'épée. Quand des honnêtes gens se trouvent déconcertés par les attaques et les coups que leur portent coquins et méchants, il leur faut prendre garde surtout de ne pas commencer à se quereller. C'est ce que l'ennemi commun essaie toujours de provoquer et naturellement, quand la malchance s'y met, bien des choses arrivent qui font le jeu de l'ennemi. Je me rappelle toujours ce que disait Me Labori, il y a bien des années, après avoir été blessé par un assassin : " L'accident a beaucoup plus de place que l'intention dans les affaires humaines. "

    Ici, dans cette ville de Londres qu'Hitler prétend réduire en cendre, et que ses avions bombardent en ce moment, nos gens continuent de tenir. Mais notre aviation a fait mieux que de faire face. Et maintenant nous attendons l'invasion promise de longue date. Les poissons aussi. Mais, bien sûr, nous n'en sommes encore qu'au commencement. Aujourd'hui en 1940, comme toujours, nous avons la maîtrise des mers. En 1941, nous aurons la maîtrise de l'air. N'oubliez pas ce que cela veut dire. Hitler avec ses chars d'assaut et ses autres armes mécaniques et aussi grâce aux intrigues de sa cinquième colonne avec les traîtres, a réussi, pour le moment à subjuguer la plupart et la fleur des nations de l'Europe, et son petit complice italien, plein d'espoir et d'appétit, continue à trottiner craintivement à son côté. Tous deux veulent découper la France et son Empire, comme une poularde. À l'un la cuisse, à l'autre l'aile.

    Non seulement l'Empire français sera dévoré par ces deux vilains messieurs, mais l'Alsace et la Lorraine va encore une fois repasser sous le joug allemand – et Nice, la Savoie et la Corse – La Corse de Napoléon – seront arrachées du beau domaine de la France... Mais M. Hitler ne songe pas seulement à voler le territoire des autres peuples et à en distraire quelques bribes pour les jeter à son petit chien. Je vous dis la vérité et il faut que vous me croyez : cet homme de malheur, ce monstrueux avorton de la haine et de la défaite, n'est résolu à rien moins qu'à faire entièrement disparaître la nation française, qu'à désagréger sa vie même, et par conséquent à ruiner son avenir. Par toutes sortes de moyen sournois et féroces, il ourdit son plan de tarir pour toujours les sources de la culture et de l'inspiration françaises dans le monde. S'il lui est loisible d'agir à sa guise, toute l'Europe ne sera plus qu'une Bochie uniforme, proie offerte à l'exploitation, au pillage et à la brutalité des gangsters nazis. Si je vous parle aussi carrément, excusez moi, mais ce n'est pas le moment de mâcher les mots.

    Ce ne sont pas seulement les conséquences de la défaite que la France doit aujourd'hui subir de la main des Allemands, mais toutes les étapes d'une annihilation complète. Armée, Marine, Aviation, Lois, langue, Culture, Littérature, histoire, Traditions tout va être effacé par la force brutale d'une armée triomphante et par les ruses scientifiques et abjectes d'une police implacable.

    Français ! Armez vos cœurs à neuf avant qu'il ne soit trop tard ! Rappelez vous ce que Napoléon disait avant une de ses batailles : " Ces mêmes prussiens qui sont aujourd'hui si vantards étaient à 3 contre 1 à Iéna et à 9 contre 1 à Montmirail. " Jamais je ne croirai que l'âme de la France soit morte, que sa place parmi les grandes nations du monde puisse être à jamais perdue.

    Tous les complots et tous les crimes de M. Hitler sont en train d'attirer sur sa tête et sur la tête de ceux qui font partie de son régime un châtiment que beaucoup d'entre nous verront de leur vivant. Il n'y aura pas si longtemps à attendre. L'aventure n'est pas encore finie. Nous sommes aussi sur sa piste ; et nos amis de l'autre côté de l'Atlantique y sont aussi. Si M. Hitler ne peut pas nous détruire, nous, nous sommes sûrs de le détruire, lui et sa clique et ses œuvres. Ayez donc espoir et confiance. Tout se rétablira.

    Maintenant, nous autres Britanniques, que pouvons nous vous demander aujourd'hui, dans un moment si âpre et si dur ? Ce que nous vous demandons, au milieu de nos efforts pour remporter cette victoire que nous partagerons avec vous, c'est que, si vous ne pouvez pas nous aider, du moins vous ne fassiez pas d'obstacle.

    Bientôt, vous pourrez aider le bras qui frappe pour vous, et vous n'y manquerez pas. Pour notre part nous croyons que les français, où qu'ils soient, se sentiront le cœur réchauffé et que la fierté de leur sang tressaillera dans leurs veines chaque fois que nous remporterons un succès dans les airs, sur mer, ou plus tard – et cela viendra – sur terre.

    N'oubliez pas que nous ne nous arrêterons jamais, que nous ne nous lasserons jamais, que jamais nous ne céderons et que notre peuple et notre Empire tout entier se sont voués à la tâche de guérir l'Europe de la pestilence nazie et de sauver le monde d'une nouvelle barbarie. Surtout ne pas vous imaginer que, selon les légendes de la radio sous le contrôle allemand nous autres anglais, ourdissons la main mise sur vos navires et vos colonies. Ce que nous voulons c'est arracher l'existence et l'âme humaine des griffes d'Hitler et de hitlérisme. Parmi les français, ceux qui se trouvent dans l'Empire Colonial et ceux qui habitent la France soi-disant inoccupée peuvent, sans doute, de temps à autre, trouver l'occasion d'agir utilement. Je n'entre pas dans les détails. Les oreilles ennemies nous écoutent. Aux autres, vers qui l'affection anglaise se porte d'un seul mouvement, parce qu'ils vivent sous la stricte discipline, l'oppression et l'espionnage des boches, je dis : quand vous songez à l'avenir, rappelez vous les mots de ce grand Français que fut Thiers (il les prononça après 1870, à propos de l'avenir) : " Pensons-y toujours ; n'en parlons jamais. "

    Allons, bonne nuit, dormez bien, rassemblez vos forces pour l'aube – car l'aube viendra. Elle se lèvera, brillante pour les braves, douces pour les fidèles qui auront souffert, glorieuse sur les tombeaux des héros. Vive la France ! Et vive aussi la marche en avant des peuples de tous les pays qui veulent reconquérir le patrimoine qui leur appartient de plein droit et reprendre la route du progrès humain.

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