• Le storytelling de la reprise


    Le CAC 40 est à son niveau le plus haut de l’année, à plus de 3500 points. La production industrielle a progressé de 0,4% en juin, pour le deuxième mois consécutif. La Banque de France prévoit une stabilisation du PIB au troisième trimestre, alors qu’il ne cesse de reculer depuis le second trimestre 2008... Pour un peu, on aurait presque le sentiment que la crise est terminée.

    Deux quotidiens font d’ailleurs aujourd’hui leur Une sur l'embellie de la conjoncture. Libération explique ainsi qu’une "douce brise souffle sur la crise", même si le journal concède que "le mot reprise est excessif". Le Figaro, lui, ne s’embarrasse pas d’autant de précautions et se targue d’avoir identifié "dix signaux de reprise en France". Il a tout de même fallu racler les fonds de tiroir pour les trouver, puisque parmi eux figure par exemple le rebond de l’emballage alimentaire… Je ne suis pas sûr que ça suffise à acter la fin de la récession. 

    Il y a dans tout cela, au beau milieu d’un mois d’août traditionnellement pauvre en actualité, une façon de scénariser l’histoire de la crise, qui commence à lasser le public. Un bon feuilleton, c’est un feuilleton à suspense et on ne peut pas toujours écrire que tout va aller de plus en plus mal. L’Express s’y était essayé aussi auparavant, en avril. Nous nous demandions à l’époque s’il fallait "croire à la reprise". C’était visiblement un peu tôt…

    Oui, le pire est peut-être passé, oui, il y a des signaux positifs, mais les agréger les uns aux côtés des autres, ça ne suffit pas à dessiner une inversion de tendance. La publication, jeudi, des chiffres du PIB pour le deuxième trimestre donnera une indication intéressante sur la direction que va prendre l’économie française en cette fin d’année. Mais il ne faut pas attendre de miracle.

    L’évolution du PIB sera négative. Peut-être un peu moins négative que lors des trimestres précédents, mais négative quand même. La crise économique est loin d’avoir fait sentir tous ses effets sur l’emploi. Pour que les destructions d’emploi s’arrêtent, pour que le chômage baisse, il faut que le PIB augmente, et qu’il augmente largement, d’au moins 1,5%, voire 1,8%. Inutile de dire qu’on n’y est pas encore. Le chômage, qui est tout de même in fine la préoccupation majeure des Français, bien plus que le PIB ou le CAC, continuera à progresser pendant de long mois, peut-être jusqu’à la fin 2010. Alors, parler de reprise, désolé, mais c’est non.

    Thomas Bronnec

    blog.lexpresse.fr

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