• Une utopie réaliste pour que la politique reprenne ses droits

    utopie      "L'utopie est la vérité de demain", V.Hugo

    "Ce n'est pas l'utopie qui est dangereuse, car elle est indispensable à l'évolution; C'est le dogmatisme, que certains utilisent pour maintenir leur pouvoir, leurs prérogatives et leur dominance." H.Laborit

     

    Extrait du discours de Ségolène Royal s'adressant par visio-conférence aux participants du séminaire international des budgets participatifs à Belo Horizonte (Brésil), où elle était conviée,le 12 décembre 2008.

    « Car jamais le monde n'en a eu autant besoin qu'à l'heure où se propage l'angoissante contagion d'une crise à la fois financière, économique, sociale, écologique, morale et politique. Une crise globale, qui prend sa source dans la marchandisation vorace de toutes les dimensions de l'existence, aggravée par la concurrence de tous contre tous et par une spéculation sans foi ni loi. Une crise aussi qui traduit l'échec planétaire des intégristes du marché et des oligarchies arrogantes, qui prétendaient mieux savoir que les peuples ce qui était bon pour eux et tout décider entre elles, à l'abri des regards indiscrets.
    Et même pire : ils savaient parfaitement que le système allait dans le mur mais ils ont eu la possibilité de continuer à nuire car la loi du silence l'a emporté. Alors qu'à la base, tous les petits épargnants et les petits propriétaires américains, toutes les victimes des subprimes savaient parfaitement ce qui était en train de se passer. Les banquiers aussi savaient, les agences de notation savaient mais ils ont laissé faire. S'il y avait eu une démocratie plus participative, permettant aux petits épargnants, par exemple, de siéger eux aussi  dans les conseils d'administration des banques dont ils sont les clients et les principales sources de profits, alors des décisions beaucoup plus précoces et beaucoup moins dramatiques auraient pu être prises à temps.

    Aujourd'hui, une page se tourne.
    Ce n'est pas seulement la page des modèles économiques ultralibéraux, c'est aussi la page du secret, de l'opacité, de l'omerta, du mensonge au détriment du plus grand nombre et des choix confisqués par quelques uns.
    C'est pourquoi la responsabilité historique de la gauche n'est pas seulement d'inventer et de mettre en oeuvre un nouveau modèle de croissance porteur d'emplois d'avenir, socialement juste et écologiquement responsable.
    C'est aussi, pour y parvenir, de rompre avec ce monopole élitaire de l'expertise et de la décision qui nous a menés dans le mur. Car on se rend compte que les compétents ne l'étaient pas. Ils auraient pu l'être, ces hyper-diplômés, si une pression populaire leur avait dit que nous n'étions pas d'accord sur leur façon de faire.
    Contrairement à leurs promesses fallacieuses, jamais l'extravagante richesse d'une petite minorité n'a « ruisselé » sur tous les autres. Et nous n'en avons pas fini avec le risque qu'ils recommencent à la prochaine occasion car je pense que leur capacité à se maintenir est très puissante.
    Il est donc urgent d'ouvrir un nouveau cycle historique où la politique doit reprendre ses droits et les peuples du monde leurs affaires en mains.
    C'est pourquoi, à l'échelle locale, nationale et même internationale, il n'y aura dans l'avenir de démocratie forte que s'appuyant sur la vigilance, la mobilisation et la participation accrue des citoyens.
    Je n'ignore pas qu'il reste bien du chemin à parcourir, des démarches participatives qui sont aujourd'hui les nôtres jusqu'à ce « bel horizon » d'une implication citoyenne à grande échelle.
    Du quartier au vaste monde, la projection peut paraître utopique, mais c'est une utopie réalisable. J'ai la conviction que cette démocrate participative que nous nous efforçons de faire vivre dans nos villes et dans nos régions préfigure d'autres possibles, bien nécessaires pour lutter contre les désordres globalisés qui frappent, sans exception, nos sociétés.

    Voilà ce que je voulais vous dire, en remerciant encore le Brésil d'avoir donné cette inspiration au monde. Modestement, à la tête de ma Région, j'espère que ce que nous tâchons de réussir essaimera aussi plus largement.
    (...)

    Grâce à vous, j'ai réussi à bousculer les habitudes et à faire en sorte que ceux qui ricanaient au départ de cette démocratie participative qui me tient à cœur se sentent aujourd'hui gagnés par le respect et peut-être même davantage...par l'envie d'imiter ! » 

    Ségolène Royal, le 12/12/08

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